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3.333
heures avec le CVX 170 ...
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Lorsque fin 1998, nous avions choisi de renouveler
notre 1255 XL qui arrivait à 9.000 heures, les
choses étaient claires, nous étions emballé
par le MX 150 qui venait juste de sortir, avec la conviction
certaine que lui seul représentait l’héritage
IH, à l’instar du CS 150 dont la réputation
était certes bonne, mais dont l’aspect un
peu rustique ne nous inspirait guère…
C’est durant l’été et
l’automne 2002, que nous avons essayé un
CVX 130 puis un CVX 150 prêtés par la SOCOTAM,
concessionnaire CASE-IH en Tarn et Garonne. Très
dubitatifs à la réception de cet engin
que nous n’avions pas pris la peine d’observer
avant, nous avons rendu le CVX 130 deux jours après
avec une très grande déception : celle
de ne pas pouvoir le garder. A l’automne, un CVX
150 a confirmé notre ressenti au labour. Quelques
jours après, le contrat était signé
sans hésitation pour un CVX 170 !
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Si je devais résumer mon premier
contact avec le CVX, je vous raconterai ceci :
Lorsque la SOCOTAM nous a prêté le premier
CVX, il leur était impossible de nous le livrer
faute de camion disponible. Qu’à cela ne
tienne, 50 km nous séparent de la concession, nous
sommes donc allé le chercher.
J’ai démarré le tracteur, j’ai
sélectionné mon sens d’avancement,
et jusqu’à la destination, c’est à
dire durant 50 km de routes secondaires, la seule commande
qu’il m’ait été nécessaire
d’actionner fut la pédale d’avancement.
Pas de vitesse, pas d’embrayage, pas d’accélérateur,
pas de frein, rien d’autre que cette drôle
de pédale d’avancement ! Redoutable !!!
On s’habitue à tout, mais je dois reconnaître
qu’au début, l’esthétique
du CVX n’était pas le point sur lequel
j’étais convaincu. Bien que son air de
robustesse soit incontestable, je trouvais l’esthétique
de ses ailes arrière déplorable, et la
cabine aux allures d’un autre temps. Faut dire
que le MX à côté, avait en apparence
un air rassurant et novateur.
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Pourtant, on ne tarde pas à changer d’avis
au bout de quelques heures d’utilisation, tant l’ensemble
paraît homogène, solide, et rationnel.
C’est un tracteur très sophistiqué,
mais qui ne nécessite pas une grande habitude pour
pouvoir s’en servir de manière élémentaire. |
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« Quand
je travaille avec lui, il pense pour moi et il agit en conséquence.
Je cherche une occupation pour vaincre l’ennui…
! » |
J’ai longtemps résumé le CVX dans
cette phrase, certes un peu exagérée, mais
pas tout à fait fausse.
La transmission à variation continue est une avancée
technologique certaine, mais son intérêt
propre reste discutable dans a mesure où une boite
semi-powershif aujourd’hui offre une gamme de vitesses
largement suffisante à des utilisations courantes.
Là où l’intérêt devient
important à mon sens, c’est dans la manière
dont le tracteur gère cette boite en accord avec
la demande du chauffeur et la possibilité du moteur.
Ce que CASE-IH appelle l’APM. Cette incroyable machine
à calculer qui remet en permanence en question
tous les paramètres du travail que vous effectuez. |
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Vous arrivez à l’entrée
d’une raie de labour. Avec un tracteur « normal
», vous devez choisir un rapport approprié
à l’effort brutal de la charrue qui entre
en terre, avec un régime moteur qui permette d’encaisser
la charge. Avec le CVX, vous n’avez ni le soucis
de la vitesse, ni celui du régime. Que vous soyez
en mode manuel (avec la pédale d’avancement),
ou en mode automatique (une vitesse programmé,
par ex 6 km/h), à l’entrée de la charrue
en terre, l’APM viendra libérer la charge,
c’est à dire diminuer la vitesse, permettant
ainsi au moteur de prendre des tours pour encaisser la
charge. Lorsque le tracteur atteindra la vitesse choisi,
le régime moteur viendra se stabiliser le plus
bas possible, selon que vous ayez choisi un mode de conduite
économique ou privilégiant le rendement.
Tout cela paraît compliqué, mais il faut
bien se mettre en tête que vous n’avez alors
rien fait pour effectuer cette tâche.
Deuxième point qui à mon avis est une des
qualités essentielles du CVX, sa transmission totalement
active : j’appuie sur la pédale d’avancement
: j’avance (ou je recule), je lâche la pédale
: je suis arrêté. Je dis bien arrêté
et non à roue libre ! Et ce, qu’elle que
soit la pente, quelle que soit la charge. Vous imaginez
quel confort et quelle sécurité cela procure
dans une région pentue comme la nôtre. Même
sur la route, avec une conduite raisonnable, il est assez
rare de se servir des freins. A la décélération,
le tracteur donne même l’impression que l’on
a oublié le frein à main, tant la transmission
participe activement à ralentir le tracteur.
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Pour résumer, le tracteur ne se trouve normalement
jamais à roues libres, sauf s’il l’on
débraye la transmission.
Autre aspect important, dès que vous quittez le
tracteur, le frein de parking s’engage automatiquement,
prenant le relais de la transmission active, ce qui là
encore ne nécessite aucune intervention de votre
part. Lorsque vous remontez dans le tracteur, vous ne
faites qu’engager un sens d’avancement à
l’inverseur au volant, et bien que le tracteur reste
immobilisé, le frein de parking se désengage.
Il suffit alors d’appuyer sur la pédale d’avancement
pour se déplacer.
Lorsqu’on a compris à peu près tous
ces aspects, on tient déjà un bout du fonctionnement
du CVX…
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Vous savez avancer avec la pédale, mais me direz-vous,
comment stabiliser le tracteur à une vitesse définie,
sans garder le pied sur la pédale ?
Le tracteur possède 4 rapports mécaniques
à l’intérieur de la boite, la variation
continue faisant intervenir dans ces 4 rapports , le plus
favorable à la vitesse demandé par le conducteur.
Indépendamment de ces 4 rapports, le tracteur possède
en cabine 3 plages de vitesses avant et arrière
(2 sur les premiers modèles sortis avant 2003)
: 0-14 km/h, 0-25 km/h et 0-40 km/h. Au moyen du joystick
au bout de l’accoudoir, il est possible de mémoriser
une vitesse dans chaque plage. Je passe les détails
de cette opération. Il suffit ensuite lorsque le
tracteur se déplace au moyen de la pédale,
d’engager l’automatisme (sur le joystick),
et le tracteur se stabilise à la vitesse demandée.
Il reste toujours possible de modifier cette vitesse par
les boutons + et – situés encore sur le joystick.
Evidemment, toutes les finesses et les subtilités
de ces fonctions sont à apprécier lors d’une
utilisation du tracteur, je ne vais pas ici vous innonder
de ces détails.
Le reste du tracteur reste d’avantage conventionnel,
en tenant compte tout de même que les derniers modèles
de la série 1100 présentent de nombreuses
améliorations par rapport au modèle présent.
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Sur notre exploitation, bien qu’il se révèle
très polyvalent, le CVX est le tracteur de tête.
Ainsi, il est aussi bien attelé à une grosse charrue
5 corps, à un Disc O Mulch 4 m, ou au combiné
Amazone 4 m. La particularité de notre exploitation,
ajoutée à celle de l’entreprise, est le
morcellement et donc le temps passé sur la route. Le
CVX sert en saison de récolte également au transport,
avec une benne 15 T. Compte-tenu du relief, 170 CV ne sont parfois
pas de reste.
Le tracteur est jumelé à peu près la moitié
de l’année, pour tous les semis et les préparations.
L’activité semis de pois de conserve oblige parfois
à de longs déplacements en configuration jumelée
( escorté bien sûr), sauf lorsque je vais dans
le département des landes, où le combiné
est déposé sur un plateau pozaterre, et le jumelage
expédié en camion.
Autant dire que l’utilisation sur la route est un point
qui a pour moi toute son importance, et sur ce plan, je suis
vraiment enchanté du CVX, tant au niveau de la conduite
que du confort avec sa suspension avant redoutable d’effet.
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Avec environ 350 - 400 ha de semis combiné par
an, cette activité est également une utilisation
majeure de notre tracteur. La gestion du régime
en fourrière, l’automatisme d’enclenchement
de la prise de force, ainsi qu’un excellent éclairage
de nuit en font également un surdoué à
cette tâche.
Le moteur Sisu est toujours présent, et même
s’il n’est pas toujours agréable de
l’entendre démarrer par temps froid, son
ronronnement au travail est un régal. Quant à
la consommation, elle est la meilleure récompense
lors de l’achat de ce tracteur et s’il est
un achat raisonné, l’économie procurée
vient largement compenser l’investissement.
Côté fiabilité, difficile de faire
mieux. En 4 ans, exceptée une panne de capteur
le premier jour, nous n’avons jamais été
en panne "immobilisante". Plusieurs fois, nous
avons du changer l’alternateur, qui il faut bien
le reconnaître, paraît un peu faible pour
la demande électrique du tracteur.
Les articulations de la suspension du pont AV sont munies
de bagues dépourvues de graisseurs et si cela est
un avantage en terme d’entretien, la longévité
en pâtie. Depuis, les nouveaux CVX sont munis de
graisseurs, le nôtre ayant bénéficié
en garantie de cette amélioration.
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Le plus gros point
noir, c’est sûrement la faible réserve
d’huile hydraulique qui nous a causé quelques
déboires à l’utilisation du combiné
par temps chaud (ex : cet automne pour les semis de blé).
En effet, s’il est logique que la transmission ait une
huile séparée pour lui garantir une propreté
irréprochable, il devient par la même occasion
difficile de mettre à disposition 40 L/mn avec une
réserve de seulement 50 L. Passée par les distributeurs,
les prises et les flexibles, l’huile atteint parfois
une température qui induit une mise en sécurité
du distributeur. Case-IH est conscient du problème
( connu aussi sur d’autres marques), et devrait présenter
un kit de refroidissement à monter sur le tracteur.
Les nouveaux modèles (série 1100) ont une disponibilité
d’huile hydraulique directement depuis la pompe, sans
passer par les distributeurs, mais cela implique un signal
généré par l’outil attelé,
et disons-le, pour le moment les constructeurs de matériels
sont encore timides à ce niveau !
Voilà à peu près résumé,
les malheurs de notre CVX 170 , qui franchement ne nous
ont pas gâché le plaisir de ce qu’il
nous a apporté.
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- l’utilisation au quotidien. Très simple
, très agréable et reposante.
- La transmission active en permanence
- Ne plus gérer le régime moteur.
- La souplesse des inversions.
- Le confort en cabine. Très bien isolée
thermiquement, beaucoup mieux que sur un MX. La qualité
des revêtements. La clim est très efficace.
- La nervosité lors des accélérations. |
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- L'ergonomie des commandes sur l’accoudoir.
- La consommation
- Le confort sur route
- L’adhérence, largement digne d’un
MX de même puissance
- La force de relevage redoutable
- L’efficacité de la suspension avant au
champ et sur la route
- La fiabilité globale
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- Les dimensions trop réduites de la cabine,
notamment la hauteur.
- L’agencement de certaines commandes peu rationnel
( sélection de la plage de vitesse sur la console
de droite, commandée depuis le joystick sur la
série 1100)
- Le manque de lisibilité du moniteur dans le montant
droit de la cabine
- L’accessibilité périlleuse du filtre
cabine.
- L’encrassement rapide du filtre à air moteur
en atmosphère poussiéreuse ( corrigé
sur la série 1100 avec un venturi sur l’échappement)
- L’usure rapide des bagues de suspension de pont
AV (corrigé sur la série 1100 avec des graisseurs)
- La qualité de fabrication du relevage avant (Zuïdberg),
bien en dessous de celle d’un Maxxum.
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- L’absence d’essieu arrière coulissant.
( les goujons résistent mal au jumelage…)
- Le démarrage par temps froid un peu capricieux.
(nouvelle pompe injection sur la série 1100)
- Le débit de l’alternateur pas toujours
à la hauteur avec la demande
- Réserve hydraulique
- Que tous les autres tracteurs de l’exploitation
ne soient pas des CVX … c’est parfois dur
de remonter dans un tracteur traditionnel !
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Le 18 Janvier 2007, pratiquement 4 ans après
jour pour jour et 3.330 heures, notre CVX 170 est remonté
sur le camion qui l’avait déposé en
2003. Très franchement, j’ai eu un gros pincement
au cœur de le voir partir. Parce qu’un tracteur
ne m’avait jamais procuré tant de plaisir
à le conduire, chaque matin où je suis monté
dedans, c’est toujours avec une grande joie que
je l’ai démarré. Notre métier
n’est pas toujours facile, et s’il est vrai
que la couleur du tracteur importe peu sur la réussite
de notre entreprise, il est clair que certains matins
on a besoin d’un peu de motivation pour affronter
la journée. Je ne peux que lui concéder
mon respect, tant il m’a aidé à trouver
quelquefois un sens à ma journée.
Plus largement, ce tracteur m’a aidé à
garder la foi dans le fait que la tradition IH n’était
pas morte. Bien sûr, ce n’est qu’un
Steyr, me répondez-vous. Mais j’ai tellement
retrouvé avec lui la sensation qu’un tracteur
n’était pas juste un produit de consommation,
que cela me rappelle bien l’image de la famille
IH à ses heures de gloire. Alors, comme s’il
fallait refuser de reconnaître dans une famille,
la belle-fille, sous le prétexte qu’elle
n’est pas née avec le même nom, la
famille n’aurait plus aucun sens…
Alors, très franchement, un grand MERCI !
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